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Bonne année et bienvenue au cent et unième volet du blogue de Montréal hanté !
Avec plus de 500 histoires de fantômes documentées, Montréal est sans conteste la ville la plus hantée du Canada, voire de toute l’Amérique du Nord. Montréal hanté se consacre à la recherche de ces histoires paranormales et son blogue, Montréal hanté, dévoile une nouvelle histoire de fantômes se déroulant à Montréal le 13 de chaque mois !
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Ce mois-ci, nous examinons le quartier général de police de la Sûreté du Québec, rue Parthenais. Construit sur le site de la première prison pour femmes de Montréal, le bâtiment empeste l’activité paranormale – et parfois d’horribles nourritures brûlées !
Recherche hantée
L’imposant siège social de la police de la Sûreté du Québec, rue Parthenais, abriterait toutes sortes d’activités paranormales. Des cris désincarnés résonnent dans tout le bâtiment, des agent.e.s ont aperçu un le fantôme d’un détenu affublé d’une camisole de force, et perçoivent même parfois des odeurs nauséabondes de nourriture brûlée, qui dégoûtent les membres du personnel.
Situé au 1701, rue Parthenais, dans l’est du centre-ville, ce vaste siège social moderniste a été construit en 1965. En 2001, il fut baptisé Bâtiment Wilfrid Derome SQ, en l’honneur d’un homme de science québécois qui fonda le premier laboratoire de criminalistique en Amérique du Nord.
Pour permettre la construction du nouveau siège social, la prison pour femmes de la rue Fullum, qui se trouvait sur le site, a dû être démolie.
Ce bâtiment de la SQ grouille d’activité 24 heures sur 24, car il abrite le plus grand corps policier du Québec, soit environ 5 000 agent.e.s. La SQ est chargée de veiller à l’application des lois sur l’ensemble du territoire québécois, à l’exception des villes qui disposent de leur propre police municipale.
Fondée le 1er février 1870 par le gouvernement du Québec, à l’origine, elle s’appelait la Police provinciale du Québec. En 1930, elle fut rebaptisée Sûreté provinciale du Québec, nom qui fut par la suite abrégé pour devenir son appellation actuelle.
Le siège de la SQ abrite également le Laboratoire des Sciences judiciaires et de Médecine légale et le bureau du Coroner, ce qui veut dire que la présence de cadavres est fréquente dans le bâtiment.
La personne qui occupe le poste de coroner enquête sur les morts violentes ou mystérieuses et est temporairement responsable du corps de la personne décédée.
Cette personne doit établir l’identité des personnes décédées et peut ordonner une autopsie, des analyses toxicologiques ou toute autre expertise scientifique jugée nécessaire avant de rendre le corps à la famille.
Avec tant d’activités louches et des rumeurs troublantes de longue date, certaines personnes pensent que le lieu est hanté. Des témoignages indiquent que le personnel entend parfois des cris désincarnés résonner dans les couloirs. Cela incite les agent.e.s à rechercher rapidement la source des phénomènes, au cas où quelqu’un serait blessé ou serait aux prises avec des troubles de santé mentale. Aucune preuve ne s’est matérialisée, ce qui laisse penser à certain.e.s que ces cris anormaux sont d’origine paranormale.
Le fantôme d’une femme vêtue d’une vieille camisole de force, errant dans la zone où se trouvent les cellules de détention ou assise sur un lit dans une cellule vide, a également été observé.
En outre, d’autres activités inexpliquées, telles que l’odeur de nourriture brûlée et les infestations incessantes de coquerelles, peuvent mettre les membres du personnel à cran.
L’histoire du site tire sa source d’un rapport cinglant publié en 1852 sur les prisons de Montréal par le Dr Wolfred Nelson, inspecteur des prisons à l’époque. Le Dr Nelson était le mieux placé pour faire des recommandations sur l’amélioration de la vie dans les prisons, car il fut lui-même incarcéré pour avoir participé à la rébellion des Patriotes de 1837.
Une fois la rébellion violemment écrasée par les tuniques rouges britanniques, le Dr Nelson et d’autres rebelles furent arrêtés et emprisonnés. Lorsque la nouvelle prison au Pied du Courant fut au maximum de sa capacité, les autorités se rendirent compte qu’elles avaient besoin de plus d’espace pour l’incarcération.
C’est ainsi que la vieille prison britannique décrépie Montreal Jail située sur la rue Notre-Dame, fut rouverte. Le Dr Nelson passa sept mois dans cette prison en ruine. En 1838, les autorités l’exilèrent aux Bermudes.
En 1843, le Dr Nelson profita d’une amnistie pour revenir au Canada et reprit sa pratique médicale à Montréal. Il se lança en politique par la suite et fut député de Richelieu avant de prendre sa retraite et de devenir inspecteur des prisons. Plus tard, le Dr Nelson devint maire de Montréal.
Dans son rapport, le Dr Nelson écrivitt : « Mon séjour de sept mois à la prison de Montréal m’a donné une telle connaissance pratique des affaires carcérales, des abus maudits qui y prévalaient […] et des misères injustifiées qui étaient infligées aux prisonniers. »
Le Dr Nelson cite le shérif de Montréal, John Boston : « Il est très fréquent de voir des personnes incarcérées pour la simple raison qu’elles n’ont ni abri ni moyens de subsistance. Les personnes d’un âge avancé, les malades, les handicapés et les fous sont souvent envoyés à la prison sous l’accusation très vague d’être des dissolus, des sans-grades ou des fauteurs de troubles. »
Environ 20 % des 200 détenus de la prison de Montréal étaient des enfants et la plupart d’entre eux n’avaient pas été condamnés pour un crime. Ils accompagnaient simplement leurs parents incarcérés parce qu’ils n’avaient pas d’autre endroit où aller. Les enfants emprisonnés étaient mis au travail pour ramasser de l’étoupe, ou pour démêler de vieilles cordes goudronneuses afin de les réutiliser comme calfeutrage.
Pierre Beaubien, le superviseur médical de la prison, déclara : « La prison de Montréal est appelée prison à tort. Elle devrait être désignée par tous les noms des différents asiles qui accueillent toutes les infirmités humaines. On pourrait même la qualifier d’hôpital de séjour, compte tenu du nombre de femmes enceintes qui y sont admises. La prison n’a pas moins droit à la dénomination d’asile d’aliénés, si l’on en juge par le nombre d’aliénés qui y sont envoyés. Beaucoup de malheureux… sans domicile fixe sont immédiatement conduits à la prison afin d’en débarrasser les rues ».
Le rapport accablant du Dr Nelson mènera à la construction de la première prison pour femmes de Montréal. Située sur la rue Fullum, elle ouvrit ses portes en 1876. Dirigée par les Sœurs de Bon-Pasteur, la prison est aussi connue sous le nom d’Asile Sainte-Darie.
Cependant, la ségrégation des hommes et des femmes n’atténue pas la misère qui règne dans les prisons de Montréal, y compris dans celle des femmes. En effet, de l’avis de tous et toutes, il s’agissait d’un endroit horrible pour être incarcéré.e.
Le 4 février 1950, le journal Montreal Standard publie un article intitulé « Ex-Inmate Tells of Ordeal in Jail » (une ancienne détenue raconte son calvaire en prison). Écrit par l’ancienne prisonnière Margaret Stone, l’article met l’accent sur les horreurs qu’elle a traversées en prison.
Elle explique : « Je suis entrée dans la partie protestante de la prison de la rue Fullum le 2 avril 1949. J’y ai passé cinq mois et quatre jours. J’avais consommé de la drogue. On m’a mis une robe en coton bleu et on m’a jetée dans une cellule. Ils m’ont donné un comprimé de phénobarbital… Ils m’ont donné un vieux seau sale qui sentait mauvais. J’ai perdu connaissance, j’étais très malade et je ne me suis pas souvenu de grand-chose pendant cinq jours. J’ai demandé un verre d’eau quand je suis revenu à moi pour la première fois et je me suis fait rabrouer ».
Margaret se souvient également de la nourriture dégoûtante qui était servie dans la prison : « Le souper était servi à 17 heures. La soupe la plus horrible que l’on puisse imaginer, une cuillère à soupe de mélasse, trois morceaux de pain sec et ce thé. J’ai eu faim pendant tout le temps que j’ai passé là-bas. C’était horrible… Samedi midi, on nous a servi de la soupe de navets. Nous l’avions baptisée « soupe aux ordures ».
En ce qui concerne les autres détenus, Margaret fait remarquer : « Cela fait environ deux ans qu’on y envoie des malades mentaux, catholiques et protestants. Ils y vont tous jusqu’à ce qu’ils soient internés et approuvés par le médecin. Certains y restent jusqu’à deux mois. Ils vivent de la nourriture pourrie de la prison. Ils ne reçoivent pas de lait. Il n’y a pas de personnel qualifié pour s’occuper d’eux. Ils gardent les plus provocateurs dans des camisoles de force et il n’y a aucun traitement d’aucune sorte ».
Dans un exemple, Margaret raconta « Je me souviens d’une fille. Elle avait environ 30 ans. Elle est morte un lundi matin après avoir passé cinq jours ici. C’est son frère qui l’avait amenée. Il a affirmé plus tard qu’il ne l’aurait jamais fait s’il avait connu les conditions de vie là-bas. On lui a mis une camisole de force. Elle avait le ventre plat et les côtes saillantes. Elle ne mangeait pas et restait allongée dans sa cellule. Elle m’a semblé très malade et j’ai dit à une surveillante qu’elle devrait avoir un médecin. Ils n’y ont pas prêté attention ».
La jeune fille est morte trois jours plus tard après qu’un gardien ait finalement appelé un médecin qui ne put la soigner correctement. Se souvenant du lit de mort, Margaret écrivit : « L’odeur était épouvantable et il y avait des mouches partout ».
En 1960, la province reprend la prison pour femmes de la rue aux Sœurs de Bon-Pasteur dans le cadre d’un vaste plan de sécularisation. L’ancienne prison est démolie cinq ans plus tard pour faire place au nouveau siège social de la SQ.
Cependant, les membres du personnel n’ont pas tardé à remarquer des activités inexpliquées, voire paranormales. Le plus souvent, des cris désincarnés ébranlaient les nerfs des agent.e.s en service.
Un membre du personnel s’est exclamé : « Les cris se répètent en général tous les deux mois. Cela commence toujours par un léger gémissement ou des pleurs, puis s’amplifie jusqu’à devenir un véritable cri. Ils durent généralement entre une et cinq minutes avant de s’arrêter brusquement. Nous avons fouillé chaque centimètre carré du bâtiment et n’avons jamais trouvé de source à ces gémissements. »
En outre, à trois reprises au moins, le personnel a signalé ce qui semblait être un fantôme féminin portant une vieille camisole de force, à l’intérieur ou à proximité des cellules de détention. La première fois que cela s’est produit, un agent qui faisait sa ronde l’a aperçue. Terrifié, il s’est précipité dans le bureau de son supérieur pour signaler la situation. Lorsqu’ils sont tous deux retournés sur les lieux du phénomène, le fantôme n’était plus là.
Nullement impressionné, l’officier supérieur pensa que son subordonné était peut-être en train de délirer. Cependant, comme il était diligent, il élabora tout de même un plan et demanda à son équipe d’arrêter et d’interroger toutes les personnes observées portant une camisole de force.
Les deux manifestations de l’apparition, les policiers essayèrent de l’interroger, pour la voir disparaître sous leurs yeux avant qu’elle ne puisse répondre à une de leurs questions.
Finalement, une odeur bizarre de nourriture brûlée se répand parfois dans le bâtiment, dans de nombreux cas loin de toute cuisine. L’odeur a été décrite comme « dégoûtante et nauséabonde ».
Là encore, après avoir fouillé le bâtiment de fond en comble, aucune source de cette odeur n’a jamais été trouvée.
Au vu de ces phénomènes étranges, certains membres du personnel pensent que l’activité paranormale provient de l’ancienne prison pour femmes de la rue Fullum. Il n’est pas rare que les nouveaux bâtiments construits sur des sites hantés préservent certaines des ces manifestations. C’est le cas de la maison Duggan sur la rue McTavish et de la nouvelle école des Hautes Études commerciales construite sur le site du refuge St-Bridget.
Il est également à noter que le siège social de la Sûreté du Québec est aux prises avec un problème de coquerelles.
Le personnel de la police a trouvé des coquerelles, mortes ou vivantes, sur presque tous les étages. Les insectes ont été découverts près des cages d’ascenseur, dans les couloirs, les salles de bain et les bureaux.
Depuis 2017, la SQ a fait appel à des exterminateurs plus de 50 fois pour fumiger son siège social, mais les coquerelles réapparaissent sans cesse. Certains officiers croient que le fait qu’ils ne puissent pas se débarrasser de la vermine est un autre exemple d’activité paranormale.
Un agent, qui a tenu à garder l’anonymat, a expliqué : « En faisant appel à l’un des meilleurs exterminateurs locaux, nous n’avons pas réussi à nous débarrasser des coquerelles, malgré plus de 50 traitements. Cette compagnie a la réputation de faire du bon travail et pourtant, dans notre siège social, les coquerelles reviennent sans cesse. Comment cela est-il possible dans un bâtiment relativement moderne ?
Pour en revenir à l’histoire de la prison pour femmes de la rue Fullum, la vermine y était également un grave problème. En effet, Margaret Stone écrivit : « J’avais attrapé des parasites dans la cellule et j’ai dû avoir des médicaments pour m’en débarrasser. »
Étant donné les étranges perturbations au siège social de la SQ, de nombreux expert.e.s en paranormal ont contacté les haut.e.s gradé.e.s pour leur demander s’iels pouvaient enquêter.
Malheureusement, pour des raisons de sécurité, chaque demande a été rejetée.
Il est donc probable que ces événements mystérieux et parfois inquiétants persistent au sein du quartier général. Même si des expert.e.s en paranormal ont été autorisé.e.s à faire toute la lumière sur la situation, les fantômes ne peuvent pas être arrêtés et jugés pour méfait et trouble de l’ordre public !
Nouvelles de la société
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À venir le 13 février : les écuries d’Youville
Ce charmant complexe en pierre du Vieux-Montréal a été construit sur le terrain de l’hôpital des Sœurs Grises en 1827 pour servir d’entrepôt à Jean Bouthillier et à son fils. Utilisé à l’origine pour entreposer de la potasse et plus tard des céréales, il fit l’objet d’un réaménagement majeur en 1967 et fut rebaptisé les écuries d’Youville. Aujourd’hui, le site abrite le restaurant Gibby’s, l’un des meilleurs steakhouse de Montréal. Cependant, on rapporte que sa cour est hantée par un fantôme irascible qui s’assoit sur un banc en lisant un livre. Lorsqu’on s’approche de lui, il a tendance à lever les yeux comme s’il était agacé et à lancer un regard noir à ceux qui s’immiscent dans sa solitude — avant de disparaître purement et simplement.
Auteur :
Donovan King est un historien postcolonial, il est également enseignant, guide touristique et acteur professionnel. En tant que fondateur de Montréal hanté, il combine ses compétences pour créer les meilleures histoires de fantômes, se déroulant à Montréal, à la fois en écriture et en théâtre. King est titulaire d’un DEC (théâtre professionnel, collège John Abbott), d’un baccalauréat en Beaux-Arts (théâtre dramatique en éducation, université de Concordia), d’un baccalauréat en éducation (histoire et enseignement de l’anglais, université de McGill), d’une maîtrise en théâtre (université de Calgary) et d’AEC (Montréal guide touristique, Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec). Il est également certifié comme Spécialiste de Destination Montréal.
Traductrice :
Claude Chevalot détient une maîtrise en linguistique appliquée de l’Université Mcgill. Elle est rédactrice, réviseure et traductrice. Depuis plus de 15 ans, elle se consacre presque exclusivement à la traduction littéraire et à la traduction de textes sur l’art actuel et contemporain.
Toujours captivant de vous lire 🙂 Merci de partager vos récits…
Fanny