Vous cherchez un événement Halloween à Montréal en 2024? Montréal hanté propose des promenades fantômes, des enquêtes paranormales, des tournées des bars hantés et bien plus encore !
Bienvenue au soixante-dix-neuvième épisode du blogue de Montréal hanté !
Avec plus de 500 histoires de fantômes documentées, Montréal est sans conteste la ville la plus hantée du Canada, voire de toute l’Amérique du Nord. Montréal hanté se consacre à la recherche de ces histoires paranormales et son blogue, Montréal hanté, dévoile une nouvelle histoire de fantômes se déroulant à Montréal le 13 de chaque mois !
Ce service est gratuit et vous pouvez vous inscrire à notre liste de diffusion (en haut à droite pour les ordinateurs de bureau et en bas pour les appareils mobiles) si vous souhaitez le recevoir tous les mois le 13 ! Le blog est publié en anglais et en français !
Premièrement, nous sommes heureux de vous annoncer que notre équipe diffuse chaque samedi des vidéos d’histoires de fantômes du Blogue de Montréal hanté, dans les deux langues!
Nos hôtes incluent Holly Rhiannon (en anglais) et le Dr Mab (en français).
De plus, le service de santé publique assouplit les restrictions dans les bars, nous redémarrons donc notre tournée de bars hantés à partir du dimanche 27 mars. Il sera offert tous les dimanches à 15 h en anglais et le dernier dimanche du mois à 16 h en français.
À partir d’avril, nous proposons également nos visites régulières tous les samedis soir en rotation :
La visite du centre-ville hanté
La visite de Griffintown hanté
Nous organisons également la visite à pied de la Famine irlandaise à Montréal le samedi 19 mars à 13 h en tant qu’événement spécial de la Saint-Patrick (en anglais).
Notre Visite hantée virtuelle et Enquête paranormale sont également disponibles sur demande !
Envie d’offrir en cadeau une expérience hantée pour la saison 2022 ?
Vous pouvez maintenant commander un chèque-cadeau Montréal hanté sur notre site Web. Ils sont échangeables via Eventbrite contre n’importe laquelle de nos expériences en personne ou virtuelles. Il n’y a pas de date d’expiration.
Enfin, et c’est important, nous avons ouvert une boutique en ligne pour ceux qui sont intéressés par la marchandise de Montréal hanté. Vous trouverez plus de détails ci-dessous dans notre section Nouvelles de la société!
Ce mois-ci, nous explorons une histoire de fantômes de l’époque victorienne qui se déroule à Montréal et s’appelle Le fantôme des Whittaker. Le célèbre dramaturge irlandais George Bernard Shaw aurait écrit cette histoire effrayante sur une apparition qui vient rendre visite à une famille et à ses invités.
Recherches hantées
Des chercheurs de Montréal hanté ont dévoilé une histoire de fantômes se déroulant à Montréal en 1879, année où elle fut publiée pour la première fois dans une mystérieuse publication appelée The Argosy. Au du fantôme des Whittaker, l’auteur, identifié seulement comme « G.B.S. », écrivit : « L’histoire de fantômes suivante m’a été racontée, mot pour mot, par un témoin oculaire, et est authentifiée par des personnes dont la position sociale est reconnue. »
Le célèbre auteur irlandais George Bernard Shaw, lauréat du prix Nobel de littérature en 1925, aurait écrit ce conte.
Pour la première fois, Le fantôme des Whittaker est traduit en français, grâce à Claude Chevalot. Nous le présentons au public montréalais juste à temps pour la Saint-Patrick !
Les chercheurs de Montréal hanté ont découvert cette histoire de fantômes dans la publication The Eleventh Fontana Book of Great Ghost Stories (1975), édité par R. Chetwynd-Hayes.
Selon Hayes : « Le fantôme de Whittaker que j’ai trouvé dans un vieux volume relié d’Argosy daté de 1879 place l’apparition errant dans le jardin. »
The Argosy, édité par Mme Henry Wood. A., était une collection de publications mensuelles contenant des histoires courtes, certaines complètes et d’autres en épisodes mensuels, dans de nombreux cas, elles étaient illustrées de gravures sur bois. Le fantôme des Whittaker est apparu en juillet 1879 dans le volume 28 de The Argosy (pages 73 à 79).
L’auteur, « G.B.S. », est considéré par beaucoup comme nul autre que George Bernard Shaw. Par exemple, l’ISFD (Internet Speculative Fiction Database/Base de données internet de fiction spéculative) indique que l’auteur est Shaw, tout comme Tabula Rasa.
Cependant, l’entrée de Wikipédia concernant sa « Liste d’œuvres » n’inclut pas Le fantôme des Whittaker. Étant donné qu’aucun de ces sites internet n’est particulièrement fiable, le mystère persiste quant à savoir si George Bernard Shaw a écrit ou non l’histoire de fantômes en question.
George Bernard Shaw est célèbre pour son rôle dans la révolution du théâtre comique. Il fut également un critique littéraire et un éminent socialiste et pacifiste. L’œuvre la plus célèbre de Shaw, Pygmalion, a été adaptée à Broadway sous la forme de la comédie musicale My Fair Lady.
Ce géant de la littérature a reçu le prix Nobel de littérature en 1925.
Au Canada, George Bernard Shaw est si populaire qu’un festival de théâtre porte son nom à Niagara-on-the-Lake, en Ontario. Le Shaw Festival, qui produit fréquemment ses œuvres, fêtera son 60e anniversaire en 2022.
Étonnamment, le Shaw Festival comprend aussi un théâtre hanté.
En ce qui concerne Le fantôme des Whittaker, Montréal hanté n’a pas encore résolu la question de l’auteur. Nos chercheurs s’engagent à poursuivre leur enquête sur les origines de ce conte fantomatique.
Quoi qu’il en soit, quel que soit l’auteur, cette histoire de fantômes classique de l’époque victorienne se déroule à Montréal. Elle mérite d’être lue en tant qu’élément de littérature locale et historique sur les fantômes datant de 1879.
Ainsi, Montréal hanté présente Le fantôme des Whittaker dans son format original et a chargé la talentueuse Claude Chevalot de le traduire en français.
Qu’elle ait été écrite par George Bernard Shaw ou non, nous vous souhaitons tous et toutes une très bonne fête de la Saint-Patrick !
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LE FANTÔME DES WHITTAKER
Cette histoire de fantômes m’a été racontée, mot pour mot, par un témoin oculaire et est authentifiée par des gens jouissant d’une position sociale reconnue.
G. B. S.
Mon nom est Anna Ducane et j’avais deux sœurs, Helène et Louise. Il y a 20 ans, nous vivions avec nos parents sur une ferme Canadienne dans les environs de Montréal, c’est-à-dire à une distance d’à peu près 30 milles de cette ville. Nous menions une existence tranquille et sans histoire. De temps à autre, nous visitions quelques-uns de nos voisins à la campagne ou passions quelques jours à faire des emplettes et à visiter les divers sites de la ville avec nos parents ; mais nos divertissements étaient simples et peu nombreux et une couvée de canards était matière à conversation pendant une semaine. Je tiens à dire que nous jouissions d’une santé parfaite et que nous étions toutes les trois des filles fortes, bienveillantes et utiles, qui pouvaient s’adonner à la plupart des tâches ménagères, ainsi qu’à un bon nombre de travaux à l’extérieur. Nous professions un mépris plutôt marqué pour toutes formes d’affectation et de ce que nous appelions le « beau-parler ».
Je mentionne tout cela dès le début, car je tiens à dire que nous ne connaissions rien des états nerveux. À l’époque dont je parle, Hélène et moi, qui étions jumelles, avions près de vingt et deux ans et Louise environ dix-neuf ans.
C’est à la fin du mois d’août que nous reçûmes une invitation charmante et inattendue à passer quelques semaines chez les Whittaker, à la maison du vieux major Whittaker, qui résidait avec ses deux sœurs dans une très jolie propriété en périphérie de la ville. Lucy Whittaker, leur nièce avait fréquenté avec nous l’école à Hamilton, et son retour d’Europe était prétexte à cette invitation dans la maison de son oncle. Au début, notre mère déclara qu’elle ne pouvait envisager de nous envoyer toutes les trois séjourner dans une maison de ville ; mais Lucy écrivit et insista pour qu’aucune de nous ne soit laissée pour compte. Il y avait beaucoup de place, si nous ne craignions pas de partager une pièce grande comme une aile d’hôpital, qu’elle s’était occupée à préparer pour nous.
Ainsi, un soir de septembre, nous fûmes accueillies chez les Whittaker par Lucy, plus jolie que jamais dans une merveilleuse robe parisienne, comme nous n’en avions jamais vu. Cette robe faisait pâlir tous les préparatifs minutieux, les volants, les jabots et les repassages, qui nous avaient occupées pendant les quinze derniers jours.
Malgré sa nouvelle garde-robe élégante, Lucy était toujours la même et Louise et elles furent aussitôt inséparables comme à l’école, tandis qu’Hélène et moi nous entichâmes immédiatement des vieilles demoiselles Whittaker, mademoiselle Sara et mademoiselle Hesba. Elles étaient différentes de toutes les vieilles dames que nous avions connues ; plus raffinées dans leur apparence et leurs manières que nos voisines de la campagne, et accomplies dans de nombreux arts bizarres qui n’existent plus guère, comme le travail d’aiguille au tambour, la peinture sur velours et la harpe. Nous voulûmes immédiatement apprendre tout ce qu’elles pouvaient nous enseigner et nous pensions que si nous ne commencions pas immédiatement à être initiées à ces mystères, notre séjour de trois semaines ne serait jamais suffisant pour nous conférer une importance et un attrait nouveaux, lors de notre retour chez nous.
Nous nous lançâmes avec détermination dans toutes sortes d’occupations, et les journées filèrent à toute allure. Lucy et Louise étaient généralement dehors dans le grand jardin à l’ancienne derrière la maison, où elles bavardaient, cueillaient des fruits et chuchotaient leurs secrets au fil des heures, ou encore dans la ville même, où elles faisaient des visites et des promenades sous la protection d’un jeune parent de nos hôtes, Harry Leroy, qui, comme nous, visitait les Whittaker pour la première fois.
Un mot ici sur le Major Whittaker, qui, bien que ne manquant pas de l’hospitalité et de la générosité d’un hôte, était en somme toute très peu vu par ses visiteurs : sauf à huit heures, matin et soir, lorsqu’il lisait régulièrement les prières à sa maisonnée réunie, et aux deux repas qui suivaient. Il n’apparaissait jamais en bas, mais passait son temps dans un petit bureau au-dessus du porche, où, lorsque la porte était ouverte, les passants pouvaient le voir peiner sur l’œuvre de sa vie ; une Harmonie des quatre Évangiles, sur laquelle il se penchait depuis des années. Je ne sus jamais rien de son histoire passée ; comment il avait obtenu son titre militaire, quand il avait quitté l’armée, ou ce qui lui avait fait adopter les opinions religieuses marquées et particulières qu’il entretenait. Ces opinions étaient imposées à la maisonnée matin et soir lors des prières familiales, lorsque les longues pétitions ex-temporelles du major nous maintenaient parfois une demi-heure à genoux.
Les quinze jours que nous avions passés à Whittaker s’étaient déroulés très agréablement, et nous commencions à penser, à contrecœur, que dans une semaine environ, nous devions rentrer chez nous. J’en parlai un après-midi à Mlle Hesba alors que nous étions assises devant notre tableau. Elle rejeta immédiatement l’idée, déclarant que tant que nous voulions rester, et que le beau temps continuait, nous ne devions pas penser à les quitter.
Mais alors même qu’elle parlait, Miss Sara se leva et regarda anxieusement par la fenêtre, car il semblait que le temps splendide était sur le point de se dégrader. Des nuages s’étaient accumulés depuis le matin, et un vent humide, sonore et sifflant commençait à hanter les cheminées et à faire trembler les feuilles rouges des érables.
Les deux plus jeunes filles, et Harry Leroy, entrèrent du jardin et, à notre grande surprise, le vieux Major Whittaker lui-même apparu des étages du haut, frissonnant comme s’il avait froid. « Fermez les fenêtres », dit-il, « et ne sortez plus ce soir » ; car nous passions généralement l’heure avant et après les prières et le souper dans la véranda.
Sur le moment, nous ne tînmes pas particulièrement compte de ses paroles et il repartit rapidement dans son bureau.
Nous passâmes la première partie de la soirée assez agréablement, en chantant et nous accompagnant au piano. Ensuite, il y eut les prières et le souper, comme d’habitude, puis, en traversant le hall de la salle à manger, l’un d’entre nous proposa de sortir sur les marches de l’entrée principale et d’observer la tempête qui se préparait rapidement, et les nuages qui se fracassaient sur la pleine lune, suspendue comme un globe rouge au-dessus du Saint-Laurent.
Je ne pense pas que l’hôte ou les hôtesses nous virent, et nous avions tout à fait oublié le conseil du major de ne pas ressortir ce soir-là. Nous laissâmes la porte du hall entrouverte et restâmes sur le gravier devant la maison, nous quatre filles et le jeune M. Leroy.
Pour que les circonstances suivantes soient bien comprises, je dois expliquer un peu la topographie de Whittaker. C’était une longue maison à deux étages, située un peu en retrait de la route qui mène à Montréal, et son entrée ne ressemblait pas à celle de nombreuses villas anglaises modernes. Elle comptait deux portails en bois, qui s’ouvraient sur la route, qui avait toujours été large et qui était reliée à la maison par une bande de gravier semi-circulaire, bordée de lauriers et d’arbustes. Le grand jardin, le verger et les champs se trouvaient tous derrière la maison, dont l’avant se trouvait à une cinquantaine de mètres de la route. La porte du hall d’entrée de Whittaker était toujours ouverte pendant notre visite. C’était une porte à deux battants en chêne, abîmés et tachés par les intempéries dont l’extérieur portait les marques de deux gros heurtoirs qui avaient manifestement été enlevés. Nous avions remarqué leur retrait auparavant, et M. Leroy avait dit qu’il supposait que le cliquetis des heurtoirs avait perturbé l’Harmonie des quatre évangiles dans le bureau au-dessus.
Alors que nous nous tenions sur le chemin de gravier, nous entendîmes tous les cinq distinctement le bruit d’une lourde voiture qui s’approchait de la ville le long de la route devant nous, tirée apparemment par deux, voire quatre chevaux, et conduite à grande vitesse. Nous ne pouvions pas la voir à cause des lauriers qui s’interposaient entre nous et la route de chaque côté, mais nous savions qu’elle approchait rapidement de la porte. Son approche nous intéressait, car il était maintenant près de dix heures, et un visiteur à une telle heure était une chose jamais encore vue. Mais s’il ne se rendait pas chez les Whittaker, où pouvait bien aller le carrosse ? Car il s’agissait de la dernière maison d’importance à des kilomètres à la ronde.
Nous fîmes un pas en arrière dans l’embrasure de la porte, et nous nous trouvâmes soudainement attrapés et traînés par le vieux Major Whittaker, qui, tremblant d’excitation, affublé de son étrange robe de chambre à fleurs qui flottait autour de lui, comme s’il venait d’être tiré du lit, nous projeta tous en quelque sorte dans le hall, et frappa les grands battants de la porte avec un bruit qui fit trembler la maison.
Mais par-dessus le cliquetis des chaînes et des barreaux, car le vieil homme sécurisait la porte comme pour un siège, nous entendîmes la voiture approcher. Comme nous l’attendions, elle tourna à la porte et s’arrêta, avec un claquement de fouet et un crissement de gravier lorsque les chevaux furent mis au pas devant les marches du hall.
Nous l’entendîmes tous, ainsi que, j’en suis sûre, le major Whittaker et ses sœurs, qui étaient également sortis dans le hall. Aucun d’entre nous n’osa dire quoi que ce soit, car nous étions effrayés par l’intensité de l’excitation qui caractérisait chaque mouvement de notre hôte.
Un instant après, la vieille porte fut presque enfoncée par un assaut furieux du heurtoir en fer, et, nous nous regardâmes les uns les autres, nous nous rappelâmes tous simultanément qu’il n’y avait pas de heurtoir. « Prions », dit la voix du major Whittaker au-dessus du bruit. Nous tombèrent à genoux tous là où nous étions, tandis qu’il se lançait dans une longue prière décousue, dans laquelle il suppliait d’être délivré de quelque influence maléfique et fantomatique ; mais nous étions tous trop effrayés et excités pour écouter vraiment. Lucy et Louise pleuraient toutes les deux et recevaient un courant de consolation discret de la part de Harry Leroy, tandis que notre hôte continuait à prier sur un ton élevé et peu naturel. Le martèlement de la porte d’entrée se poursuivait par intervalles.
Cependant, elles devenaient de plus en plus longues, et finalement le son cessa complètement. Il n’en fut pas de même pour les prières, car bien que j’eusse hâte de m’enfuir dans notre chambre, qui donnait également sur la façade, pour voir si la voiture restait à la porte, le vieux major nous retint une bonne demi-heure, sans aucune déférence pour le culte familial habituel, qui avait été ponctuellement accompli comme d’habitude deux heures auparavant.
Lorsque nous nous retirâmes enfin dans notre chambre, notre premier réflexe fut bien sûr de nous précipiter vers la fenêtre, mais tout ce que nous pouvions voir était la lune qui montait haut dans le ciel et les nuages d’orage qui défilaient, aucune trace d’une voiture ou de ses occupants. Bien sûr, nous restâmes éveillés jusqu’au matin, discutant de cet événement extraordinaire, et Lucy vint se glisser dans le lit de Louise, trop effrayée pour rester seule.
Je dois expliquer qu’elle était presque aussi étrangère à Whittaker que nous l’étions, ayant été récemment laissée orpheline à la charge de son oncle, qui l’avait d’abord envoyée en voyage en Europe avec quelques amis. Par conséquent, l’assaut de la maison par le fantôme et le heurtoir spectral (car nous étions convaincus que ce que nous avions entendu était surnaturel) fut aussi terrible pour elle que pour nous.
Le lendemain matin, il semblait que tout le plaisir de notre visite avait disparu, et, comme une paille montre de quel côté souffle le vent, lorsqu’il fut question de notre retour à la maison, je fus frappée, mais pas tout à fait étonnée, de constater qu’il n’y eut aucune opposition à ce que nous concrétisions notre intention, même de la part de Mlle Hesba. Les deux vieilles dames étaient de toute évidence malheureuses et mal à l’aise au sujet de quelque chose, et bien qu’aucune allusion n’ait été faite à l’événement de la nuit précédente, il était dans tous nos esprits, et s’élevait entre nous et toute forme de plaisir.
Nos agréables occupations matinales ne furent pas reprises, car les demoiselles Whittaker étaient enfermées à l’étage avec leur frère, et nous, les plus jeunes, préférions rester tous ensemble dans le jardin, où le soleil brillait et où nous semblions être hors de l’influence surnaturelle qui investissait le vieux lieu lugubre. Harry Leroy confia qu’il avait examiné la façade de la maison et que les traces des roues d’un véhicule lourd et les marques de sabots d’une paire de chevaux étaient nettement visibles sur le gravier !
Peu après, lorsque nous entrâmes pour le dîner, Mlle Sara me prit à part et, faisant nerveusement tourner sa montre dans ses mains, elle m’expliqua qu’elle et son frère pensaient qu’il serait peut-être mieux, « vu les circonstances malheureuses », que notre visite chez les Whittaker se termina le plus tôt possible. Sans le dire, elle me fit comprendre que le désagrément de la veille n’était en aucun cas terminé.
J’étais heureuse qu’elle parle franchement, car si entre nous, personnellement le « fantôme », comme nous avions déjà pris l’habitude d’appeler cette influence perturbatrice, ne me dérangeait pas, je ne pouvais pas supporter le changement qui s’était abattu si soudainement sur le ménage auparavant joyeux. De plus, je redoutais son effet sur Louise, qui était d’un tempérament très excitable. Je m’arrangeai donc volontiers avec Mlle Sara pour qu’elle prépare une note à l’intention de ma mère, qui serait envoyée l’après-midi même par un messager spécial, pour la préparer à notre retour inattendu à la maison, dès que quatre places libres pourraient être obtenues dans la diligence qui, à cette époque, était le moyen de communication le plus direct entre Montréal et notre village. Quatre places, car j’avais persuadé Mlle Whittaker de nous laisser emmener Lucy. Je ne pouvais pas supporter l’idée de laisser la jeune fille sans compagnie, bien que sa tante ait affirmé dans un soupir : « Lucy est l’une des nôtres, et doit apprendre à endurer cela comme nous ! »
Cette nuit-là, nous dormîmes toutes ensemble dans la grande chambre à coucher de devant. Je dois préciser que je n’avais pas parlé aux autres de l’allusion de Mlle Sara, qui avait laissé entendre que le fantôme n’était peut-être pas encore enterré, car je pensais que nous avions suffisamment parlé de la question. J’incitai donc Lucy à nous raconter quelques-unes de ses expériences européennes, et nous nous endormîmes toutes au milieu de sa description de la cathédrale de Cologne.
Nous avons dû dormir environ deux heures, quand je fus réveillée par un pincement sec d’Hélène, et je criai : « Qu’est-ce que tu fais ? » avant que je n’ouvre les yeux. « Chut ! il est ici dans la chambre ! » me réveilla complètement. Je vis son visage, pâle dans la faible lumière qui regardait vers la fenêtre, un grand arc qui occupait tout le bout de la pièce à droite de notre lit. Louise et Lucy dormaient dans un autre lit à notre gauche, et par conséquent plus loin de la fenêtre.
Je suivis des yeux ses regards, mais sans bouger, car ses paroles m’avaient procuré une sorte de frisson désagréable. Là, derrière la grande coiffeuse qui se trouvait au centre de la fenêtre en arc, mais bel et bien à l’intérieur de la pièce, laissant un espace considérable derrière elle, je vis une grande silhouette voilée, dont quelque chose me dit immédiatement qu’elle n’était pas humaine. Elle était drapée de la tête aux pieds dans des vêtements gris et traînants, et sa tête était enveloppée de quelque chose. À ses longues enjambées, car elle allait et venait dans le petit espace entre la fenêtre et la table, je devinai qu’il s’agissait d’un personnage masculin, bien que ses vêtements fussent féminins, ou peut-être monastiques. Tout d’abord, il ne sembla pas nous remarquer, mais il ralentit quelque peu son pas régulier et, tournant vers nous sa tête encapuchonnée, il sembla nous observer attentivement. Ma main était fermement enfermée dans celle d’Hélène, et je sais que nous avions tous deux la même pensée en tête : « Que se passera-t-il s’il vient dans la partie ouverte de la pièce, et près de l’un des lits ? »
Soudain, un petit halètement provenant de l’autre lit nous a appris que les autres étaient également éveillées (il faisait trop sombre pour voir leurs visages), et la voix de Louise brisa l’intense silence. Au Nom de celui devant lequel tous les pouvoirs doivent céder, elle ordonna qu’il disparaisse.
Cela de la part de Louise, la plus timide et la plus nerveuse d’entre nous ! Dans mon étonnement, j’oubliai le fantôme et je me retournai pour la regarder, assise dans son lit, une petite silhouette blanche et tremblante.
Un instant après, quand je regardai vers la fenêtre, le fantôme avait disparu. Louise l’avait exorcisé. Elle pleura amèrement et trembla de tous ses membres. Hélène et moi nous levâmes d’un bond et nous pressâmes autour d’elle, la caressant et la calmant jusqu’à ce que ses sanglots cessent.
« Je ne sais pas ce qui m’a mis dans la tête de faire cela, j’en suis sûre, expliqua-t-elle, mais je regardais cette chose horrible depuis si longtemps, bien avant que vous ne vous réveilliez, et finalement j’ai senti que je deviendrais folle si je ne parlais pas. Je voyais très clairement ses yeux, comme deux lampes, qui me regardaient de part en part, et je savais que c’était moi qui devais lui parler. »
Au bout d’un moment, lorsque nous fûmes toutes un peu plus calmes, je racontai aux filles la confidence que m’avait faite Miss Sara, et aussi notre arrangement pour rentrer à la maison dès que notre déplacement serait réglé. Lucy s’écria qu’elle ne pouvait pas rester derrière, et me serra dans ses bras lorsque j’affirmai que, bien sûr, elle allait rester avec nous, aussi longtemps qu’elle le voudrait. « Je ne pourrai jamais revenir dans cette affreuse maison », déclara-t-elle, et elle ne voulait pas être réconfortée par la notion que j’avais retenue de ma conversation avec Miss Sara, que de longs intervalles, parfois des années, s’écoulaient entre ces visites spectrales.
La nuit s’écoula donc et, à l’aube, nous fûmes toutes heureuses de nous lever et de boucler une partie de nos bagages, afin d’écourter autant que possible notre séjour dans la chambre hantée.
Après le petit déjeuner, Helène et moi prîmes Mlle Whittaker à part et lui racontâmes les événements de la nuit. Elle fut impressionnée, mais manifestement pas étonnée, et sa seule question lorsque nous terminâmes fut : « La silhouette a-t-elle tenté d’approcher l’un d’entre vous ? »
« Non », répondis-je, « bien que Louise déclare que son visage et ses yeux brûlants étaient distinctement tournés vers elle ».
Notre hôtesse soupira, mais ne fit aucun commentaire, et ma sœur jumelle et moi montâmes à l’étage pour terminer les préparatifs de notre départ, car il avait été décidé que nous quitterions Whittaker ce jour-là à midi. Ces préparatifs furent bientôt terminés, et Hélène et moi étions sur le point de descendre pour passer une heure ou deux avec les vieilles dames, lorsque Lucy et Louise, qui avaient fait le tour du jardin pour la dernière fois, se précipitèrent dans l’escalier en chêne et dans la chambre, et je compris en un instant à leurs regards égarés, qu’elles avaient vu quelque chose d’autre.
Oui, le fantôme était encore apparu, et les filles tremblaient encore de nervosité lorsqu’elles racontèrent leur histoire.
« C’était dans la promenade, dit Louise, et M. Leroy était avec Lucy. Il s’est absenté quelques minutes, juste au moment où nous arrivions au bout, pour aller cueillir quelques noix dans les arbustes, et M. Leroy entreprit de me dire combien il était désolé que notre fête soit interrompue, et demanda s’il pouvait venir nous voir à la maison. Je lui dis oui et juste à ce moment-là, nous sentîmes quelque chose derrière nous (nous étions côte à côte), et pensant que c’était Lucy, nous nous retournâmes et vîmes l’horrible silhouette à notre coude, posant une main sur le bras de chacun d’entre nous ! Un instant après, il avait disparu, mais Lucy, qui arrivait de l’autre côté de la promenade, l’avait aussi vu clairement, le dos tourné vers elle ; ce n’était donc pas de l’imagination. »
Non, ce n’était pas de l’imagination. J’ai raconté toute l’histoire à Mlle Whittaker avant de quitter la maison. Cette fois, la pauvre vieille dame s’effondra complètement et, se tordant les mains, elle s’accusa d’avoir causé la ruine de deux jeunes vies. Puis, voyant mon étonnement, elle fut obligée d’expliquer que c’était un signe, trop fatalement prouvé, de l’approche de la mort, lorsque la figure voilée posait sa main sur toute personne à qui elle choisissait de se montrer. Ses paroles s’enfoncèrent comme du plomb dans mon cœur.
Il n’y a pas grand-chose à dire de plus.
Notre petite Louise tomba malade d’une étrange fièvre légère, peu après notre retour à la ferme, et avant Noël, elle nous avait quittés pour toujours. Harry Leroy ne nous rendit jamais nous rendre la visite qu’il avait envisagée, car il mourut lui aussi, d’une décharge accidentelle de son arme, quelques semaines après que nous nous séparâmes de lui. La seule conséquence heureuse de notre séjour à Whittaker fut le mariage de Lucy avec un de nos voisins, qui l’épousa dans notre maison et l’emmena de temps en temps dans le Sud, de sorte que pendant un certain temps nous la perdîmes de vue et n’eûmes aucune nouvelle de ses parents. Lorsque nous nous revîmes, elle nous dit que son oncle était mort tranquillement un soir, après avoir terminé l’œuvre de sa vie, l’Harmonie des quatre évangiles. Ses tantes avaient fermé la maison, qui était la leur, et étaient parties vivre au-delà de Hamilton. Je ne les revis jamais et je ne revis pas non plus Lucy, car notre propre famille s’installa en Angleterre à cette époque, et nos liens canadiens furent rompus.
Je ne sais pas si la malédiction pèse encore sur la vieille maison, ou si la maison elle-même est encore debout, mais ce qui précède est un récit véridique et non exagéré de ce que nous avons subi là-bas.
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Nouvelles de la société
Nous sommes ravis d’annoncer que notre équipe diffuse tous les samedis, dans les deux langues, des vidéos d’histoires de fantômes du blogue de Montréal hanté. Animée par Holly Rhiannon (en anglais) et Dr. Mab (en français), cette nouvelle initiative plaira à coup sûr aux fans d’histoires de fantômes !
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Alors que la pandémie s’atténue, la Direction de la santé publique du Québec commence à lever les restrictions telles que l’éloignement physique, le port du masque, les passeports vaccinaux et le nombre limité dans les bars.
Pour notre première tournée de l’année, nous organisons la visite à pied de la famine irlandaise à Montréal le samedi 19 mars à 13 h en tant qu’événement spécial de la Saint-Patrick (en anglais).
Nous relançons également notre tournée des bars hantés à partir du dimanche 27 mars. Il est offert tous les dimanches à 15 h en anglais et le dernier dimanche du mois à 16 h en français.
En avril, nous reprenons nos promenades fantômes en visites publiques et privées. Nous organisons une promenade publique des fantômes tous les samedis soirs à 20 h (en français) et 20 h 30 (en anglais).
La visite du centre-ville hanté (April 9, 23; May 14)
La visite de Griffintown hanté (2, 16 avril ; 7, 28 mai)
La visite du Mont-Royal hanté (30 avril ; 13 et 21 mai)
Notre Visite hantée virtuelle et Enquête paranormale sont également disponibles sur demande !
Pour les visites privées, les clients peuvent demander n’importe quelle date, heure, langue et visite. Ces visites sont basées sur la disponibilité de nos comédiens et commencent à 170 $ pour des petits groupes jusqu’à 7 personnes.
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Veuillez faire passer le mot à ceux qui pourraient être intéressés par une expérience de Montréal hanté et si vous souhaitez offrir à quelqu’un une expérience hantée en cadeau, vous le pouvez maintenant.
Nous proposons désormais des chèques-cadeaux Montréal hanté disponibles sur notre site Web et échangeables via Eventbrite pour l’un de nos événements en personne ou virtuels (sans date d’expiration).
Enfin, et c’est important, nous avons ouvert une boutique en ligne pour ceux qui sont intéressés par la marchandise de Montréal hanté. Nous vendons des t-shirts, des aimants, des sweat-shirts (pour les nuits d’automne et d’hiver hantées) et des tasses avec le logo de Montréal hanté et les images de notre tournée.
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Montréal hanté tient à remercier tous nos clients qui ont assisté à une marche fantôme, une tournée des pubs hantés, une enquête paranormale ou un événement virtuel au cours de la saison 2021!
Si vous avez apprécié l’expérience, nous vous encourageons à écrire une critique sur notre page Tripadvisor, ce qui aide vraiment Montréal hanté à commercialiser ses circuits en ces temps difficiles.
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A venir le 13 avril : Château du Ramezay
En face de l’hôtel de ville, dans le Vieux-Montréal, se trouve le manoir Ramezay, l’un des plus anciens bâtiments de Montréal et de loin l’un des plus hantés. Le château fut construit en 1705, à l’époque de la Nouvelle-France, comme résidence du gouverneur. Après de nombreuses autres vocations, en 1895, le manoir Ramezay devint le premier musée du Canada. Il est encore ouvert aujourd’hui. À l’intérieur, les touristes rapportent souvent diverses manifestations hantées : bruits de pas fantômes, gémissements provenant de la cheminée, personnes en costumes d’époque qui se volatilisent. Les récits des anciens membres du personnel sont encore pires. Beaucoup soupçonnent Mlle O’Dowd, l’ancienne conservatrice décédée au château du Ramezay, d’être responsable d’une grande partie de l’activité paranormale.
Auteur:
Donovan King est un historien postcolonial, il est également enseignant, guide touristique et acteur professionnel. En tant que fondateur de Montréal hanté, il combine ses compétences pour créer les meilleures histoires de fantômes, se déroulant à Montréal, à la fois en écriture et en théâtre. King est titulaire d’un DEC (théâtre professionnel, collège John Abbott), d’un baccalauréat en Beaux-Arts (théâtre dramatique en éducation, université de Concordia), d’un baccalauréat en éducation (histoire et enseignement de l’anglais, université de McGill), d’une maîtrise en théâtre (université de Calgary) et d’AEC (Montréal guide touristique, Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec). Il est également certifié comme Spécialiste de Destination Montréal.
Traductrice:
Claude Chevalot détient une maîtrise en linguistique appliquée de l’Université Mcgill. Elle est rédactrice, réviseure et traductrice. Depuis plus de 15 ans, elle se consacre presque exclusivement à la traduction littéraire et à la traduction de textes sur l’art actuel et contemporain.
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